La notice incluse dans nos boîtes de médicaments est obligatoire (article R. 5141-76 du Code de la santé publique). Elle précise notamment les utilisations autorisées du médicament, sa posologie, ses effets indésirables, ses éventuelles contre-indications et interactions avec d’autres substances ou aliments. Elle fournit des précisions essentielles concernant leurs modalités de prise et les mises en garde et précautions éventuelles à prendre (lors de la conduite de véhicules, de situations particulières telles que la grossesse, etc.). Sa présence dans la boîte est un élément fondamental de la sécurité des soins. Mais voilà la commission européenne dans sa grande et notoire sagesse, a décidé de la supprimer au profit d’un QRcode, pour des raisons soi-disant écologiques. Seulement voilà, ceux qui généralement ont le plus souvent besoin de soins, sont les personnes âgées, les précaires, les handicapés, autant de catégories qui peuvent être éloignées de l’accès aux technologies nécessaires. Les associations UFC-Que Choisir, Familles rurales et la CLCV dénoncent une mesure qui exclura 70,7% des Européens n’ayant pas de compétences numériques suffisantes (données Eurostat 2023). Les personnes âgées et les plus précaires seront les premières victimes de cette « hygiénisme technocratique » . Même les pharmaciens alertent sur l’impossibilité d’imprimer des notices conformes en officine (proposition de l’UE inapplicable et chronophage). «Que Choisir» alerte : «Nous, associations de consommateurs et d’usagers du système de santé, exprimons notre plus vive inquiétude face à la perspective de suppression à court ou moyen terme des notices papier dans les boîtes de médicaments qui a été proposée par la Commission européenne dans le cadre de la révision du code européen du médicament, le fameux « paquet pharmaceutique ». Cette proposition, qui semble avoir le soutien de plusieurs États membres, inquiète une très grande partie de la société civile, qu’il s’agisse des associations de consommateurs, de patients, de médecins ou encore de pharmaciens, aussi bien au niveau national, à l’image de France Assos Santé dans l’hexagone ou de Test-achat en Belgique, qu’au niveau européen à l’image du Bureau Européen des Consommateurs (Beuc) ou du Forum européen des patients.» Et France assos santé d’ajouter : « Selon le baromètre 2023 du numérique, le manque de maîtrise empêche un quart des Français d’utiliser pleinement les outils numériques. Une telle décision accentuerait les inégalités d’accès à l’information médicale et ajouterait une nouvelle fracture à celles que connaît déjà notre système de santé. »Alors que les professionnels du secteur protestent, que les associations alertent, pourquoi l’Europe persiste-t-elle dans cette volonté absurde ? Selon elle pour des raisons pratiques et écologiques. Vraiment ? Nous savons que les écolos ne sont pas les couteaux les plus affûtés du tiroir et que les petits hommes gris de Bruxelles ont l’art de rendre compliqué et coûteux ce qui était simple et pratique. Mais alors quand ils s’associent pour une nouvelle norme ou directive européenne, on entre alors dans le royaume d’Ubu. En effet, ces gens-là ne semblent pas savoir que le QR code est très polluant ! En effet, La consultation à distance mobilise de l’énergie – sans oublier la construction de tous les équipements nécessaires (serveurs, réseaux, smartphones…) – dont Green IT nous dit qu’elle est l’étape la plus polluante en matière de numérique. Ainsi, l’impact environnemental de la notice imprimée diminue à chaque usage, quand celui de la numérique augmente à chaque consultation. De plus, la foule d’informations de chaque médicament sera pas conséquent stockées dans des datacenters extrêmement énergivores. On observe que raisonnablement, la raison écologique ne tient pas (d’autant moins que la plupart des laboratoires pharmacologiques utilisent du papier recyclé pour leurs notices). Il y a sûrement une autre raison. Surtout quand il s’agit des laboratoires pharmaceutiques et de l’Europe, où l’on jongle impunément avec les milliards par sms, entre les uns et l’autre ! Evidemment les labos n’ont pas intérêt à ce qu’on connaisse les effets indésirables de leurs produits ou leurs contre-indications. leurs dépenses considérables en lobbying, dépassant les 200 millions d’euros en 2022, révèlent l’ampleur des investissements des groupes pharmaceutiques pour influencer les décisions des institutions européennes. Mais la meilleure raison qu’aurait l’Europe est le passage au tout numérique des libertés du pauvre européen. Le pass sanitaire a ouvert la voie à la dématérialisation de la carte vitale, qui sera liée, n’en doutons pas, aux papiers d’identité numériques (CNI, Permis de conduire) et même ons billets et pièces appelés à disparaitre dans d’obscurs et froids datacenters. Big pharma va engendrer big brother.